E mouvement des saisons et la succession des accidents atmosphériques ne se manifestent point, en Algérie, par les effets extrêmes qui, dans d’autres parties du monde, rapprochent et confondent même quelquefois les phénomènes météorologiques les plus opposés; la température n’y est pas trop chaude en été, ni trop froide en hiver, et les transitions par lesquelles elle passe d’un état à un autre, aux époques de ses plus grandes révolutions, y sont presque insensibles. En général, le ciel y est d’une admirable pureté, et l’air extrêmement sain (En 1837, la direction du port d’Alger a constaté 233 jours de beau temps, et 270 en 1839). Si, en quelques endroits, des émanations dangereuses s’élèvent des eaux croupissantes, cela tient à des causes purement locales, et que l’art doit bientôt faire disparaître. Les légers brouillards qu’on voit se former après le lever du soleil ne tardent pas à se dissiper sur les hauteurs du massif, et quoiqu’ils persistent plus longtemps dans la plaine, il n’en résulte aucun inconvénient. Les maladies endémiques sont inconnues à Alger, et on remarque, comme une preuve des qualités hygiéniques de l’air, que, dans le dispensaire public, la durée moyenne des traitements n’excède pas vingt-deux jours.

“ La température est on ne peut plus agréable à Alger, dit le capitaine Rozet, pendant une grande partie de l’année. Quand vient l’été, la chaleur est très vive, sans doute, mais n’est point accablante, et l’étranger s’accoutume facilement à la supporter. Un grand nombre de plantes de l’Europe tempérée, et même des environs de Paris, vivent dans cette atmosphère, qui, presque toujours chaude et jamais brillante, favorise extraordinairement la croissance des productions naturelles du sol ”.

La saison pluvieuse, fréquemment interrompue par de beaux jours, se prolonge pendant six mois, de novembre à mai. Les pluies, qui, aux autres époques de l’année, ne durent guère plus d’une heure ou deux, sont alors continues et très abondantes. Presque toujours, ce sont des vapeurs marines que le vent du nord enlève à la surface de la Méditerranée et pousse dans la direction du sud. Les vapeurs, au moment où elles approchent des confins du désert, sont tout à coup arrêtées par la grande muraille de l’Atlas et refoulées sur les terres du littoral; là, par le merveilleux travail de la nature, elles se résolvent et tombent en eaux fécondantes.

Les nuits les plus froides des mois de décembre et de janvier amènent quelquefois des gelées blanches. Comme les orages sont très rares, il tombe peu de grêle; et la neige est un incident météorologique qui survient à peine une ou deux fois dans le cours de l’année. Plus fréquente dans les montagnes du Petit-Atlas que dans la plaine, elle s’y fond ordinairement avant l’expiration du mois dans lequel elle est tombée.

Mais l’Algérie a un avantage que n’ont pas beaucoup d’autres contrées méridionales; quand les pluies cessent ou deviennent rares, l’humidité continue de tempérer, sous d’autres formes, l’action trop vive de la chaleur. Pendant le jour, une vapeur aqueuse, répandue dans l’atmosphère, humecte tous les corps; et, une demi-heure après le coucher du soleil, les rosées commencent à tomber avec une si grande abondance, qu’elles pénètrent la tente du soldat, et rafraîchissent les campagnes presque autant qu’une pluie d’orage.

Sur toute la côte, comme dans le port d’Alger, les vents du nord et du nord-ouest règnent depuis le mois de novembre jusqu’au mois d’avril; ils font baisser le thermomètre, amènent les pluies et déterminent les tempêtes, dont on a cependant trop exagéré les dangers. Les vents du sud et du sud-ouest sont moins fréquents, et ceux de l’ouest plus rares encore; ces trois derniers font monter le thermomètre, et rassérènent presque toujours le ciel.

Le vent du désert, le simoun des Arabes, fait quelquefois sentir sa funeste influence dans le nord de l’Afrique. Il s'annonce a Alger par une espèce de brouillard qui se montre sur le Petit-Atlas; la chaleur devient alors insupportable, et le vent ne tarde pas à arriver. Les hommes et les animaux, affaiblis, et pouvant à peine respirer, sont obligés de chercher un abri; partout l’atmosphère est embrasée, et si la durée de ce phénomène, ou du moins sa plus grande intensité, n’était pas bornée à quelques heures, il deviendrait nécessairement la source de grands désastres.

Le climat est sain dans les environs d’Oran; il est chaud, mais les chaleurs n’y sont point insupportables, à cause des brises périodiques qui y règnent pendant l’été. Les principes qui développent ailleurs des fièvres intermittentes souvent mortelles, n’existent point dans cette province; cependant les changements subits de température, et l’usage immodéré des fruits et des boissons, produisent, si l’on n’use de quelques précautions, des maladies dangereuses. Les vents régnants sont le nord-ouest et le nord-est ; ce sont les plus dangereux. Les coups de vent se font surtout sentir en hiver ; l’été, il règne de très longs calmes, qui ne sont interrompus que par quelques heures de brise, venant du large pendant le jour, et de terre pendant la nuit. Le simoun ou khamsin y est très rare.

La province de Constantine, par sa configuration même, présente sur plusieurs points, quelquefois peu distants les uns des autres, les températures les plus opposées; c’est ainsi que le plateau de Constantine a quelquefois des neiges au mois de mai, tandis qu’à Bône il règne déjà une chaleur de 25°. Les vents y soufflent généralement du nord et du nord-est; excepté à l’époque des deux équinoxes, où, passant subitement au sud-ouest et au nord-ouest, ils amènent de fortes rafales, de la brume, des temps nuageux et de grandes pluies. C’est surtout en automne que ces intempéries ont le plus de durée; elles se prolongent quelquefois depuis les derniers jours de septembre jusqu’à la fin de décembre. Les trois mois d’hiver y sont généralement secs, et amènent presque toujours un beau printemps.

Sous le climat de Bône, des nuits humides succèdent à des journées brûlantes l’aiguille de l’hygromètre, qui pendant le jour est à l’extrême sécheresse, s’avance rapidement vers le soir à l’extrême humidité, et arrive pour ainsi dire à son maximum vers onze heures du soir, par une température de en été (On a calculé qu’il y avait à Bône, dans une année, cent quatre jours pluvieux. — Avant la stagnation des eaux de la Boujimah, la salubrité de Bône était proverbiale, c’est là que de l’intérieur de l’Afrique on venait chercher la santé, comme en France on se rend à Hyères; Il sera facile de rendre cette ville à ses conditions premières, en ouvrant une issue aux eaux de la Boujimah. Rapport sur la colonisation d’Alger).